Communiqués Culture

La relation du Major Davel et de Cully : du mépris à la sanctification

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Les Archives historiques de Bourg-en-Lavaux dans le cadre de leur session annuelle.

Vous invitent à la conférence, « La relation du Major Davel et de Cully : du mépris à la sanctification ».

Par Gilbert Coutaz, directeur honoraire des Archives Cantonales Vaudoises.

Dans leur supplique du 22 avril 1723 à LL.EE. de Berne, les représentants des Quatre-Paroisses de Lavaux, craignant des mesures de rétorsion, viennent « témoigner l’amère douleur et mortifiant chagrin que leur a causé et que leur cause encore le séditieux et extravagant projet du Major Davel. […] Pénétré, comme ils le sont d’une vive douleur qu’il soit du milieu d’eux un indigne et malheureux sujet, qui par une ingratitude la plus noire et une perfidie la plus exécrable ait osé former un si odieux attentat. » Le 24 avril, jour de la décapitation de Davel, ils sont réhabilités dans leur honneur.

Le nom de Davel fut conspué bien après les faits ; il servait à désigner « un traître », « un maudit ». Les enfants de Lavaux ne devaient pas le prononcer, alors qu’une stalle lui était réservée dans l’église de Cully, à la suite de son retour glorieux de la guerre de Villmergen de 1712.

Depuis les années 1840, sous les influences conjointes de Frédéric-César de La Harpe et de Juste Olivier, Jean Daniel Abraham Davel est devenu le héros exclusif du canton de Vaud, à la fois l’annonciateur de l’indépendance vaudoise et le martyr de la liberté. Il va traverser les différents régimes politiques, surmonter les fractures partisanes et religieuses jusqu’à être identifié à l’âme vaudoise. Dès 1841, Cully lui rend hommage avec son obélisque et constitue, en tant que lieu de domicile et professionnel, une étape obligée des commémorations et des hommages, dès la fin du XIXe siècle, avec la place du Château, à Lausanne, la plaine de Vidy et Morrens. A partir de cette même période, les Zofingiens s’y rendent chaque année pour célébrer Davel. Deux dates marquantes : 1928, la présence du Berner Männerchor pour attester des liens confédéraux; 1953, le Rassemblement jurassien en fait son étendard, en se déplaçant en masse. L’épisode de la Belle inconnue, située durant les vendanges de 1691, rappelle que Cully appartient à une terre d’accueil de plusieurs vagues migratoires, soumise aux influences extérieures et aux pouvoirs des cantons souverains de Berne et de Fribourg et de la ville sujette de Lausanne. Ose-t-on pour autant affirmer que seule la région de Bourg-en-Lavaux pouvait être l’épicentre de l’entreprise de 1723 ?